Le Carême est vu comme un temps de privation. Difficile à accepter alors que nous vivons depuis deux ans au rythme des restrictions avec le Covid-19.
Et pourtant, le temps du Carême c’est d’être libre ou plutôt de retrouver cette liberté voulue par Dieu. En effet, l’être humain, de par son essence, peut choisir ce qu’il veut faire de sa vie. Ainsi en est la volonté du Créateur. La religion est souvent accusée d’être celle qui prive l’Homme de sa liberté. Certes il y a eu parfois des extrêmes dans l’application des privations du Carême. Au point aujourd’hui de tomber dans un autre extrême qui est de passer 40 jours jusqu’à Pâques sans rien faire. Ce qui est bien dommage !
Les privations du Carême n’ont pas pour vocation de nous tenir en laisse et de nous soumettre à Dieu. Au contraire, recherchons la liberté des enfants de Dieu.
La liberté est un beau cadeau à chérir chaque jour, elle est le fruit de l’Amour de Dieu. Cet amour qui se vit éternellement entre le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne pouvait se garder en lui-même. Il décida de l’offrir à des créatures spéciales : chacun de nous. Une fois cet amour déposé en nous, nous pouvons librement en vivre. Mais cette liberté n’est parfaite que si elle est rythmée par l’amour et rien que l’amour.
Tous les actes que nous posons ont plus de valeur si c’est l’amour qui les commande. Comme on aime, on est capable de se priver de telle ou telle chose, pour le bien de l’autre ?
Dans un mariage, il est impossible de ne penser qu’à soi au risque de tout briser. La relation à Dieu est à l’image de ce qui se vit dans un mariage. Dieu ne pense pas qu’à lui. Il se met à notre niveau, on le voit bien dans l’appel du Christ à Pierre : « M’aimes-tu ? ». Trois fois, Jésus va poser cette question. Et Pierre de répondre par trois fois : « Seigneur, tu sais bien que je t’aime ».
Dans les deux premières questions du Christ, le verbe grec « Agapé » est utilisé et dans la troisième question, c’est le verbe « philéo ». Ces deux verbes veulent dire « aimer » dans la langue grecque. « Agapé » est le verbe aimer, réservé bien souvent à Dieu, il évoque l’amour parfait. En revanche le verbe aimer « Philéo » est un degré inférieur.
Pierre quant à lui n’utilise que le verbe « Philéo » dans ses trois réponses. Il est incapable d’aimer comme le Seigneur l’aime. Et Jésus dans sa dernière question n’utilise plus le verbe « Agapé », pour se mettre au niveau de Pierre. Dieu lui-même accepte de faire une concession en se mettant par amour à la hauteur de l’Homme. Il n’écrase pas sa perfection sur chacun de nous, au contraire il fait tout pour nous chérir.
Ce Carême nous est donné pour trouver cette liberté d’aimer toujours plus. En nous privant de telle ou telle chose, nous arrivons à montrer que nous sommes libres de vivre sans. C’est avant tout pour nous. Quelle joie de pouvoir se sentir libre. Nous sommes parfois accros à des choses tellement futiles au risque d’être comme enchainé par les biens matériels. Il en va de même pour les sacrifices que nous ferons ou les temps de jeûne. Ils sont là pour offrir un coin de liberté à notre prochain, et d’offrir un peu de temps et d’amour pour Dieu.
L’amour appelle l’amour, alors librement vivons ce Carême ! Abbé Johan, votre curé.